Si vous débutez en audit, inutile de vous dire que vous devez vous accoutumer rapidement au jargon spécifique du métier. Il est certes moins “exotique“ que celui d’autres métiers 😉, mais il comporte cependant des notions-clés qu’il est important de cerner pour mieux comprendre la méthodologie générale de l’audit et pouvoir communiquer efficacement.
Cet article est le premier d’une série de trois, à travers laquelle je partage avec vous 10 notions essentielles à maîtriser dans le cadre d’un audit comptable externe ; tout en mettant en évidence les spécificités liées à l’audit interne. 4 concepts seront abordés dans ce premier article et les autres vous seront donc présentés dans les deux articles suivants.
Concept N°1 : Risque
Nous avons tous une compréhension plus ou moins précise de la notion de risque puisque nous l’employons au quotidien. Dans la vie de tous les jours le risque est une situation ou un événement futur non souhaitable, dont l’apparition est plus ou moins probable. Nous ne voulons (normalement😊) pas le voir se produire car il aurait alors un impact négatif sur notre santé, nos finances, celle de nos proches, en un mot, sur l’atteinte de nos objectifs de bonheur et de bien-être.
La conception générale du risque en audit est exactement la même ! Il s’agit de tout événement non encore survenu qui pourrait entraver l’atteinte des objectifs de l’entreprise.
Dans le cas spécifique de l’audit des états financiers, les risques à prendre en compte sont de deux ordres:
- ceux qui peuvent empêcher les comptes d’être conformes aux exigences du référentiel comptable applicable. Ces exigences concernent dans la plupart des référentiels francophones, la régularité, la sincérité et l’image fidèle des comptes.
- ceux qui peuvent empêcher l’auditeur d’identifier des anomalies significatives qui se trouveraient dans les comptes.
Le risque occupe une place centrale dans le processus d’audit en particulier dans le cadre de l’approche par les risques. En effet ce sont l’identification et l’évaluation des risques qui permettent à l’auditeur de déterminer les zones sur lesquels il concentrera ses travaux. Ce sont elles également qui conditionnent l’étendue des travaux d’audit à mettre en œuvre.
Concept N°2 : Élément probant ou preuve d’audit
Les éléments probants correspondent à des « informations utilisées par l’auditeur pour aboutir aux conclusions sur lesquelles il fonde son opinion d’audit. Les éléments probants comprennent des informations contenues dans les documents comptables qui sous-tendent les états financiers, ainsi que des informations provenant d’autres sources. »
Norme ISA 500 – Eléments probants
Quant au Cadre de Référence International des Pratiques Professionnelles de l’audit interne, il indique que « les auditeurs internes doivent identifier les informations suffisantes, fiables, pertinentes et utiles pour atteindre les objectifs de la mission. »
Norme 2310 – Identification des informations du CRIPP
Que retenir de ces définitions?
Si ces définitions académiques vous paraissent confuses, retenez simplement qu’une preuve d’audit est tout élément matériel sérieux sur lequel l’auditeur peut baser ses travaux afin d’aboutir à une opinion. Plus simple hein! 😉
Mais attention ! Comme indiqué dans les deux normes, la preuve d’audit doit répondre à certains critères :
- Etre appropriée : le caractère approprié fait référence à la qualité de l’information obtenue. L’information doit en effet être factuelle, fiable et pertinente compte tenu de l’objectif des travaux de l’auditeur. Ainsi les informations obtenues oralement et qui ne sont pas vérifiables, ne constituent pas une preuve d’audit appropriée car elles ne sont pas suffisamment fiables et sont trop facilement contestables. Elles peuvent toutefois permettre à l’auditeur d’établir des présomptions qu’il devra par la suite vérifier.
- Etre suffisante : cela implique que la quantité d’éléments probants obtenue doit être adéquate compte tenu d’une part de la qualité desdits éléments, et d’autre part de l’évaluation des risques. A titre d’exemple, pour valider une créance de plusieurs millions d’euros, il vaut mieux obtenir une seule confirmation de solde du client concerné, qu’une centaine de factures. La confirmation de solde constitue en effet une preuve de bien meilleure qualité que les factures qui sont des documents internes à l’entreprise.
Concept N°3 : Assertion
Les assertions sont des « affirmations de la direction, explicites ou non, qui sous-tendent les états financiers et auxquelles se réfère l’auditeur pour examiner les différents types d’anomalies susceptibles de se produire ».
Norme ISA 315
Que retenir de cette définition?
Afin de mieux comprendre la notion d’assertion, et son rôle dans la démarche d’audit, nous allons faire une analogie avec… un légume bio. 🥕
Pour qu’un légume soit reconnu bio il doit répondre à certains critères (interdiction de pesticides, d’herbicides et de fertilisants de synthèse, semences non-issues d’OGM, etc.). Lorsque ces critères sont vérifiés alors le légume est certifié bio… Et vous pouvez donc prendre du plaisir à le consommer.
Si les états financiers étaient un légume, la certification bio correspondrait alors à la conformité au référentiel comptable et les assertions seraient les critères de conformité. Si les assertions sont vérifiées, alors les états financiers sont bio😁, c’est-à dire conformes au référentiel comptable applicable !
Prise en compte des assertions lors de l’audit
Votre rôle en tant qu’auditeur consiste donc à tester la validité des assertions applicables à chaque poste des états financiers.
Lorsque toutes les assertions sont vérifiées, c’est-à-dire si l’auditeur n’a pas identifié d’anomalies significatives, alors il émet une opinion non-modifiée. Dans le cas contraire, l’auditeur évalue l’incidence des anomalies et, suivant son jugement professionnel, émet une opinion modifiée.
A chaque catégorie d’informations des états financiers correspondent des assertions spécifiques à tester, comme détaillées ci-après:
- opérations et événements de la période auditée: les assertions à prendre en compte comprennent la réalité, l’exhaustivité, l’exactitude, la séparation des exercices, le classement.
- soldes de comptes en fin de période : les assertions correspondantes comprennent l’existence, les droits et obligations, l;exhaustivité, l’évaluation et l’imputation.
- présentation et informations fournies : les assertions pertinentes sont la réalité, les droits et obligations, l’exhaustivité, le classement et l’intelligibilité, l’exactitude et l’évaluation.
Pour résumer :
Assertions valides = Comptes correctes = Etats financiers bio 😊
Concept N°4 : Seuil d’audit
Vous entendrez souvent parler des seuils d’audit, particulièrement en audit externe. Il n’existe pas de règle unanimement retenue pour leur détermination, qui relève donc avant tout du jugement professionnel de l’auditeur. L’auditeur définit les seuils d’audit au cours de la phase de planification. On distingue :
- le seuil de planification qui permet d’évaluer le caractère significatif des risques d’anomalies significatives lors de la phase de planification. Il détermine également la nature, le calendrier et l’étendue des procédures d’audit à mettre en œuvre par la suite. Le seuil de planification est obligatoirement inférieur au seuil de signification.
- le seuil de signification correspondant selon la NEP 320 au « montant au-delà duquel les décisions économiques ou le jugement fondé sur les comptes sont susceptibles d’être influencés ». L’auditeur fixe un seuil de signification pour les états financiers pris dans leur ensemble. Il peut par ailleurs définir des seuils spécifiques pour certaines catégories de transactions, soldes de comptes ou informations. Le seuil de signification permet d’évaluer le caractère significatif des anomalies et omissions identifiées au cours des travaux d’audit.
- le seuil de remontée qui est le montant en deçà duquel les anomalies non-corrigées, prises individuellement ou cumulativement, seront toujours considérées comme non significatives.
Les seuils d’audit peuvent être modifiés en cours d’audit.
A très bientôt pour les 6 termes techniques suivants. 😉
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Cet article a 2 commentaires
Merci pour ce article très intéressant dans l’ensemble. L’exemple du point relatif aux éléments probants et notamment la confirmation du solde m’a beaucoup éclaire. Par le passé, je trouvais la vérification des factures puis l’obtention de la confirmation de solde directement chez le client bien mais je réalise qu’avec votre exemple cela permet d’être plus efficace aussi…Merci et à bientôt.
Merci @OROU Raymond pour votre commentaire. Je voudrais cependant nuancer légèrement par rapport à l’exemple.
Vous pouvez vous passer des factures SI vous obtenez une réponse à votre demande de confirmation solde.
Mais celle-ci pourrait, comme vous le savez surement, tarder à venir ou même ne jamais arriver! Et dans ce cas il vous faut mettre en oeuvre une procédure alternative de validation de la créance… généralement par les factures et les règlements post-clôture.
Il ne s’agit donc pas de ne rien faire en attendant la confirmation de solde! 😊