Audit - Lumière sur les notions clés

Audit comptable – 10 notions clés à maîtriser (Part 2/3)

Cet article est le deuxième de la série de trois entamée il y a quelques jours et consacrée aux 10 notions clés à maîtriser dans le cadre d’un audit des comptes.

Je vous y partage, les définitions et points fondamentaux à retenir par rapport à 4 nouvelles notions, au moins aussi importantes que celles abordées dans l’article précédent

J’y mets également l’accent sur les aspects particuliers liés à l’audit interne lorsqu’il en existe.

Prêt ? …. Partons ! 😉

Concept N°5 : Anomalie

Anomalie

Qu’est-ce qu’une anomalie?

Une anomalie est un « écart entre le montant enregistré, le classement, la présentation ou l’information fournie dans les états financiers pour un élément, et le montant, le classement, la présentation ou l’information à fournir, exigés pour ce même élément selon le référentiel comptable applicable. Les anomalies peuvent résulter d’erreurs ou provenir de fraudes ».

ISA 450

Et en Français facile ? 😊

L’anomalie correspond simplement à une transaction ou une information qui n’apparaît pas dans les comptes telle qu’elle le devrait, compte tenu des règles comptables applicables.

Différents types d’anomalies

Dans le cadre d’un audit d’états financiers, on distingue 4 types d’anomalies, au sens de la norme ISA 450 :

  • les ajustements : il s’agit des anomalies portant sur le montant comptabilisé (par ex. achat doublement comptabilisé ou comptabilisé pour un montant autre que celui de la facture).
  • les reclassements ou anomalies liées au classement : ces anomalies correspondent à l’utilisation d’un compte inapproprié pour l’enregistrement d’une transaction. Leur correction consiste donc à transférer (reclasser) la transaction sur le compte approprié (enregistrement d’une dette fournisseur dans un compte de dettes fiscales par ex.).
  • les anomalies liées à la présentation : elles sont relatives au non-respect des prescriptions du référentiel comptable applicable, concernant la présentation des états financiers (Inscription d’une dette à court terme dans les dettes financières ou d’un crédit de trésorerie à l’actif du bilan par ex.).
  • les anomalies liées aux informations : elles correspondent à la fourniture d’informations inadéquates ou incomplètes compte tenu des objectifs d’information imposés par le référentiel comptable. Elles comprennent aussi les cas d’omission d’une information à fournir nécessaire pour que les états financiers soient présentés sincèrement, au-delà de celles expressément exigées par le référentiel. L’omission dans les notes annexes de l’information relative à un changement de méthode comptable ou à une réévaluation des actifs constitue ainsi une anomalie liée aux informations.

L’évaluation du caractère significatif ou non des anomalies est fait au regard d’une part de leur nature et d’autre part du seuil de signification.

Les anomalies identifiées au cours de l’audit doivent être communiquées à la Direction pour correction, avant l’émission du rapport d’audit.

Concept N°6 : Limitation

Limitation

Les limitations ne constituent pas des anomalies au sens de la norme ISA 450.

Elles correspondent à des situations dans lesquels l’auditeur n’est pas en mesure de recueillir des éléments probants suffisants et appropriés pour aboutir à sa conclusion. Pour la validation des charges de personnel par exemple, vous pourrez conclure à une limitation:

  • si vous n’obtenez pas les états de salaires ou les livres de paie nécessaires à la mise en œuvre de vos travaux, ou
  • si ces éléments vous sont fournis mais que vous identifiez des incohérences avec les montants comptabilisés, qui ne sont pas expliquées de manière appropriée.

La formulation d’une limitation suppose toutefois que :

  • les informations aient été demandées de manière formelle et n’aient pas été obtenues.
  • L’auditeur ait demandé sans succès à la direction de lever cette limitation
  • L’auditeur ait envisagé la possibilité de mettre en œuvre des procédures alternatives pour recueillir d’autres éléments probants suffisants et appropriés
  • l’auditeur en ait informé les personnes constituant le gouvernement d’entreprise.

La troisième condition est particulièrement importante car la limitation ne doit en aucun cas constituer une solution de facilité. Il faut que vous ayez épuisé toutes les possibilités et envisagé toutes les procédures alternatives réalisables, avant de conclure à une limitation.

Le caractère significatif des limitations s’apprécie également au regard du seuil de signification.

Concept N°7 : Scepticisme professionnel

Questionnement – Scepticisme professionnel

Encore appelé “esprit critique“, il correspond à « une attitude qui implique de faire preuve de scepticisme, d’être attentif aux états de fait pouvant éventuellement dénoter des anomalies, que celles-ci résultent de fraudes ou d’erreurs, et de n’accepter aucun élément probant sans s’interroger d’abord sur sa valeur » .

ISA 200

Le scepticisme professionnel est indispensable à l’atteinte des objectifs de l’audit car il permet:

  • d’apprécier la fiabilité des éléments probants obtenus et de ne pas prendre pour parole d’évangile les informations obtenues dans le cadre de l’audit. Le scepticisme vous incite donc à vérifier les éléments probants obtenus avant toute utilisation, et ceci, quelle que soit leur source. Ainsi, si la société auditée vous communique un fichier Excel pour justifier le chiffre d’affaires, votre scepticisme professionnel doit vous pousser à en vérifier la fiabilité et l’intégrité avant toute utilisation dans vos travaux, même si ce fichier provient du Directeur Général.
  • d’identifier les incohérences éventuelles dans les comptes et entre informations provenant de sources différentes.

Sans scepticisme professionnel, l’audit reviendrait à accepter sans les vérifier, les informations fournies par les audités. Il perdrait alors toute sa valeur et n’aurait par conséquent aucune utilité.

L’idée n’est cependant pas non plus que l’auditeur se montre suspicieux, ni qu’il se mue en gendarme et fasse passer des interrogatoires aux audités. Il ne s’agit pas non plus de les traiter de menteurs … car l’audit risquerait alors de prendre fin de manière prématurée ! 😄

Le scepticisme doit rester PROFESSIONNEL et l’auditeur se doit donc de demeurer courtois et ouvert d’esprit, tout en n’hésitant pas à obtenir des précisions, documents complémentaires ou tout autre élément pouvant lui permettre de valider les informations obtenues.

Concept N°8 : Opinion

Opinion d’audit

Si vous débutez en audit, il est peu probable que vous ayez à émettre une opinion ! 🙂

Il est toutefois important que vous compreniez la notion d’opinion et son lien avec le reste de la démarche d’audit.

L’opinion en audit externe

En audit externe, l’opinion est le but ultime de la mission de l’auditeur. Elle consiste à évaluer les conclusions tirées des éléments probants obtenus au cours des travaux, afin de se prononcer sur les comptes audités.

Dans le cas de l’audit financier externe, et conformément aux normes ISA 700 et 705, on distingue:

  • l’opinion non-modifiée : lorsque l’auditeur conclut que les états financiers ont été préparés, dans tous leurs aspects significatifs, conformément au référentiel comptable applicable.
  • l’opinion modifiée qui correspond soit à une opinion avec réserves, soit à une opinion défavorable ou encore à l’impossibilité d’exprimer une opinion. L’auditeur exprime une opinion modifiée lorsqu’il a identifié des anomalies significatives dans les comptes et que ces dernières n’ont pas été corrigées OU que les limitations à l’étendue de ses travaux sont telles qu’il n’est pas en mesure d’aboutir à une conclusion sur les états financiers.

L’opinion en audit interne

En audit interne, il n’existe pas de formalisme particulier pour l’expression de l’opinion. Toutefois, le glossaire des normes internationales d’audit interne distingue l’opinion relative à une mission, de l’opinion globale.

L’opinion relative à une mission correspond en effet, à la conclusion des travaux d’une mission d’audit interne spécifique. L’auditeur se prononce alors uniquement sur les éléments rentrant dans le cadre des objectifs et du périmètre précis de la mission.

L’opinion globale résulte quant à elle des opinions relatives aux missions effectuées au cours d’une période de temps définie. L’auditeur se prononce alors sur l’ensemble des processus concernés par l’audit interne (gouvernance, gestion des risques, contrôle), au titre de la période couverte par l’opinion globale.

Dans tous les cas (audit externe et interne), l’opinion de l’auditeur doit être clairement formulée par écrit dans un rapport d’audit.

A très vite pour le dernier épisode de la série! 🤗

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Cet article a 2 commentaires

  1. Amadou

    👍👍👍 Merci 🙏 …

    1. Eunice SALLOU

      Avec plaisir Amadou! Merci à vous! 🙂

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