Si vous êtes nouveau dans le métier d’auditeur comptable, vous devez vous demander en quoi il consiste ! Si oui, je vous invite à lire cet article qui répondra à cette première question.
Ensuite vous pourrez revenir à celui-ci pour découvrir ou redécouvrir les principales étapes d’une mission d’audit comptable et financier.
Etape 1 : L’acceptation de mission
Cette phase est encadrée par les normes ISA 210 et 220.
Elle comprend plusieurs procédures dont le but est de permettre à l’auditeur de répondre à la question : Devrais-je accepter cette mission d’audit ?
Afin de répondre à cette question, l’auditeur mettra en œuvre des diligences qui lui permettront :
- D’apprécier la réputation de son client (le commanditaire de la mission), de l’organisation auditée et des personnes constituant le gouvernement d’entreprise (principaux dirigeants et actionnaires) ; L’objectif étant de déterminer si ces derniers sont suffisamment intègres pour que l’auditeur souhaite associer son nom au leur.
- De déterminer si lui-même dispose des compétences nécessaires à l’exécution de la mission : l’auditeur ne devrait accepter une mission que s’il dispose au sein de son équipe, des compétences nécessaires à sa réalisation. Il peut éventuellement recourir à des compétences externes si celles qui sont nécessaires n’existent pas dans son équipe.
- De s’assurer que lui-même et tous les membres de son équipe sont totalement indépendants de l’entité à auditer et capables de se conformer aux règles d’éthique. L’obligation d’indépendance et d’impartialité de l’auditeur l’oblige en effet à vérifier, avant d’accepter une mission, qu’il n’existe aucun lien personnel ou financier, réel ou supposé entre l’un des membres de l’équipe d’audit et l’entité auditée, ses principaux dirigeants et actionnaires. Un tel lien pourrait en effet compromettre l’indépendance de l’équipe et l’objectivité de ses analyses et conclusions.
Cette première phase prend fin avec la signature de la lettre de mission qui est le contrat liant l’auditeur au commanditaire de la mission.
Etape 2 : La planification
La phase de planification de l’audit est mise en œuvre conformément aux normes ISA 200, 300, 315, et 320. Elle vise à définir l’approche générale des travaux et à réaliser la mission de manière efficace. Cette étape prend en compte toutes les procédures permettant à l’auditeur de:
- approfondir sa connaissance de l’entité et de son environnement
- évaluer les risques relatifs à l’audit (risque inhérent, risque lié au contrôle, risque d’audit général)
- déterminer la nature et l’étendue des travaux d’audit qu’il mettra en œuvre (programmes de travail)
- déterminer les seuils d’audit
- définir le calendrier des travaux d’audit
- déterminer la composition de l’équipe d’audit affectée à la mission.
Elle donne lieu à l’élaboration d’une note de planification et de programmes de travail reprenant les conclusions des procédures mises en œuvre à cette étape.
Je vous invite à lire cet article pour en savoir plus sur l’utilité de la phase de planification et cet autre si vous souhaiter en savoir plus sur comment planifier un audit.
Etape 3 : La mise en œuvre des travaux
La troisième étape de toute mission d’audit consiste en l’exécution des travaux prévus au cours de la phase de planification et détaillés dans les programmes de travail. Elle est encadrée par les normes ISA 330 et 500 à 540.
Au cours de cette phase, l’équipe d’audit met en œuvre différentes techniques qui lui permettent d’obtenir des éléments probants suffisants et adéquats pour fonder son opinion.
Il peut s’agir de contrôles de substance (tests substantifs) et/ou de tests de procédures.
« On entend par :
(a) Contrôle de substance – Une procédure d’audit conçue pour détecter des anomalies significatives au niveau des assertions. Les contrôles de substance comprennent :
(i) Des vérifications de détail (sur des flux d’opérations, des soldes de comptes et des informations fournies dans les états financiers) ;
(ii) Des procédures analytiques de substance ;
(b) Test de procédures – Une procédure d’audit destinée à évaluer l’efficacité du fonctionnement des contrôles mis en place pour prévenir, ou détecter et corriger, des anomalies significatives au niveau des assertions. »
Norme ISA 330
Les techniques mises en œuvre peuvent comprendre :
- l’inspection des transactions communément appelée test de détail
- la ré-exécution de contrôles qui consiste à refaire des contrôles réalisés à l’origine par l’entité
- les confirmations directes des tiers qui permettent d’effectuer des recoupements à partir d’information obtenues directement de tiers en relation avec l’entité
- Les procédures analytiques qui permettent d’apprécier la cohérence des informations
- L’observation physique qui consiste à observer en temps réel, la façon dont une procédure est exécutée ou à vérifier l’existence physique et l’état de fonctionnement des actifs corporels.
- Etc.
Les contrôles effectués permettent de conclure quant au respect d’une ou plusieurs assertions d’audit.
La troisième phase a essentiellement lieu sur le terrain (au sein de l’entité auditée) et les travaux sont revus par les personnes habilitées compte tenu du niveau de supervision défini dans le plan d’audit.
Cette phase est ponctuée de réunions ou points d’étape destinés à informer les audités du niveau d’avancement des travaux, des goulots d’étranglement éventuels et des premiers constats afin de permettre une efficacité maximale de la mission.
Elle prend fin avec l’élaboration d’une note de synthèse qui récapitule les constats effectués au cours de la mission et qui est formellement discutée avec les audités au cours d’une réunion de restitution.
Etape 4 : Les travaux de fin de mission
Ils sont encadrés par les normes ISA 230, 560 et 580 et comprennent les travaux effectués après la phase de terrain et permettant d’aboutir à la formation de l’opinion et à l’élaboration du rapport d’audit. Il s’agit :
- De l’examen des éléments de preuve additionnels fournis par les audités au terme de la restitution des travaux
- Le suivi des constats de la note de synthèse afin de déterminer si ceux-ci seront maintenus ou non dans le rapport d’audit et la détermination de leur incidence sur l’opinion
- La revue des événements postérieurs à la clôture afin de vérifier s’ils ont fait l’objet du traitement approprié
- L’obtention de la lettre d’affirmation qui récapitule certaines déclarations importantes faites par les dirigeants au cours de la mission d’audit, qui ont une incidence sur les conclusions de l’audit mais pour lesquels il n’existe pas de preuve écrite.
- La revue générale du dossier d’audit conformément à la norme ISA 230 afin d’en vérifier la cohérence d’ensemble et la correcte prise en compte des différents risque identifiés lors de l’audit.
Notons que les exigences de la norme ISA 230 relative à la documentation de l’audit s’appliquent à toutes les phases de la mission et pas uniquement aux travaux de fin de mission.
Etape 5 : Le rapportage
Cette phase est mise en œuvre conformément aux normes ISA 700 et 705. Elle consiste en l’établissement du ou des rapports qui permettent à l’auditeur d’exprimer son opinion sur les comptes. Dans la pratique, l’auditeur émet dans un premier temps un rapport provisoire qui est soumis aux commentaires du client, avant l’émission du rapport définitif.
L’émission du rapport met fin à la mission d’audit.
Etape supplémentaire : Les travaux post-audit
Cette étape ne fait pas partie de l’audit mais est importante pour l’exploitation future des travaux, que ce soit dans le cadre d’une prochaine mission, d’une revue qualité ou pour des besoins juridiques.
Elle correspond à l’archivage du dossier d’audit qui consiste à :
- ne maintenir dans le dossier que les éléments ayant contribué à la formation de l’opinion
- conserver dans le dossier tous les documents nécessaires à la compréhension de la démarche de travail de l’auditeur.
- Assurer l’intangibilité du dossier d’audit afin d’éviter la modification de tout ou partie des documents de travail après l’émission du rapport d’audit définitif.
Les étapes décrites dans cet article sont spécifiques à l’audit comptable et financier externe mais peuvent également être adaptées dans le contexte d’un audit interne ou de toute autre forme d’audit.
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A bientôt ! 😉
Cet article a 8 commentaires
bonjour,
je trouve ce article très intéressant.
Merci a vous!!!!
Avec plaisir cher Dramane! 🙂
Très enrichissant
Merci beaucoup
Merci à vous cher Mobio!😊
Bonjour.. Je tenais à vous remercier pour la mise à disposition de vos travaux qui m’ont permis d’avoir une idée précise sur les différentes étapes de la mission d’audit et des normes applicables pour chaque étape. Cependant, j’ai constaté que tout au long de cette étude vous n’avez pas pris en compte la norme ISA 240 relative aux obligations de l’auditeur en matière de fraude lors d’une mission d’audit des états financiers.
Sur cela question est la suivante : dans quelle étape devons-nous utiliser la norme ISA 240?
Merci pour tout
Bonjour Mba et merci pour votre commentaire.
La fraude est prise en compte par l’auditeur à toutes les étapes de la mission mais en particulier lors de la planification (à travers les discussions au sein même de l’équipe d’audit sur la fraude et l’identification des risque de fraude lors de l’évaluation des risques liés à la mission) et lors de la phase de mise en œuvre des travaux où l’auditeur met en œuvre des diligences spécifiques pour la couverture des risques de fraude qu’il a identifiés.
J’espère avoir répondu à votre question!😊
Très intéressant. C’est un plaisir de lire tes différents articles.
Merci pour le partage.
Avec plaisir Eric! 🙂